Faire des enfants est-il mauvais pour le climat ? La Terre va atteindre 8 milliards d’habitants ce mois de novembre, selon les estimations des Nations unies. La population mondiale a explosé au XXe siècle, après avoir totalisé moins de 2 milliards d’humains en 1900 et environ 1 milliard en 1800, et les chiffres continuent de grimper dans les pays en développement. Consommation de terres et pression sur les ressources, alimentation, pollution, émissions de gaz à effet de serre, cette démographie est parfois vue comme l’un des principaux moteurs des atteintes à l’environnement et des changements climatiques, au point que la notion de « bombe démographique » s’est popularisée depuis les années 1960.
Faut-il mettre un coup de frein à la natalité pour enrayer les dérives du climat ? Est-il irresponsable de faire naître des enfants dans un monde bouleversé par le réchauffement ? Dans cet épisode du podcast « Chaleur humaine », diffusé le 27 septembre sur le site du Monde, l’ingénieur Emmanuel Pont, auteur du livre Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?, publié en février (éd. Payot, 320 pages, 19 euros), analyse cette question transversale, à la fois politique, éthique et intime.
Nous sommes désormais 8 milliards d’habitants sur cette planète, et on sait qu’à l’horizon 2050 nous serons 10 milliards. Cette trajectoire est-elle soutenable ?
Evidemment, c’est une trajectoire qui peut inquiéter. Quand on regarde l’évolution de la population humaine, elle a à peu près été multipliée par cinq en cent ans. Ça fait beaucoup. On était moins de 2 milliards en 1900. On a l’impression que ça va crever le plafond et que ça ne s’arrêtera jamais.
En pratique, ce qui se passe, c’est que la natalité et les taux de croissance de la population baissent partout dans le monde. Les projections des Nations unies, qui ne sont pas des boules de cristal mais qui donnent une bonne idée des tendances, sont régulièrement révisées à la baisse. Aujourd’hui, ce qui est estimé par les démographes de l’ONU, c’est que la population humaine va se stabiliser, entre 2050 et 2100, autour de 10,5 milliards d’habitants.
Ça va donc continuer à augmenter, principalement en Afrique : le reste des continents a aujourd’hui une natalité nettement plus faible. En Europe, on a une crise de la natalité, qui est un peu plus faible que les 2,1 enfants par femme nécessaires pour avoir une population stable. Mais cette croissance, surtout située aujourd’hui en Afrique, va s’arrêter.
Dans votre livre, vous démontez cette idée d’une bombe démographique. Cette peur, ce fantasme d’être trop nombreux sur la planète serait infondé ?
Il vous reste 88.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.