À Spézet, samedi 14 mai 2022, le collectif Kleuzioù,
celui de Callac mais aussi l’association Eau et rivières ont organisé une conférence sur l’arasement des talus dans le bocage. Chaque année, afin de regrouper des parcelles pour faciliter le passage d’engins agricoles, de nombreux talus disparaissent, « parfois de façon clandestine », précise Jean-Luc Pichon, d’Eau et rivières.
En ligne de mire : les 4 km de talus en cours de destruction dans une boucle de l’Aulne, à Spézet. « Une haie est l’outil de résilience agricole principal du réchauffement climatique : elle préserve la biodiversité et donc fertilise le sol, retient l’eau, absorbe le carbone, produit du bois…, énumère le passionné. Pourtant, en Bretagne, 80 % des haies sont trop en mauvais état pour assurer ces fonctions ».
À l’affût des tronçonneuses
La vingtaine de personnes venues assister à cette réunion ne manque pas d’anecdotes. « Je suis en lutte permanente avec l’exploitant voisin, c’est scandaleux d’arracher des arbres centenaires », s’offusque l’un d’eux. « À Saint-Nicolas, un agriculteur a labouré un chemin de randonnée », raconte un autre.
Une habitante de Spézet confie : « On m’a avertie d’aller voir au bout de ma parcelle et j’ai découvert les arbres de ma haie arrachés. J’en ai pleuré ! Ils en ont fait des copeaux et en plus, ils les ont gardés ! » Un autre abonde : « J’ai couru quand j’ai entendu les tronçonneuses. Heureusement que je connais la loi. J’ai pu prouver que le talus m’appartenait et j’ai sauvé mes arbres ».
Tous ces témoignages sont bien vite suivis de questions : Comment agir ? Quels sont nos droits ? Le collectif explique, décortique et rappelle la nécessité de rester mobilisés.
Vent de révolte sur les talus
« D’autres collectifs nous rejoindront peut-être, à l’échelle régionale même », espère Jean-François Bouguennec, du collectif de Callac. Erwan Puillandre, du collectif Kleuzioù, vise le classement de ces talus (spécifique à seulement trois régions françaises) à l’Unesco. « Et pourquoi ne pas instituer un affichage des autorisations délivrées par la mairie, devant chaque talus détruit ? », propose Jean-Luc Pichon. Tous aimeraient que le paiement vert de la Pac (Politique agricole commune) punisse davantage les agriculteurs qui ne préservent pas leur talus. L’importance d’éduquer les jeunes générations sur les savoirs paysans fait également l’unanimité. Enfin, les habitants sont encouragés à porter plainte à chaque dégradation constatée, « pour garder une trace ».
Pour l’heure, les collectifs organisent une grande journée de l’environnement, le 4 juin. « Ce sera un événement à la fois didactique et festif », annonce Erwan Puillandre, avec toujours ce but de fédérer et de mobiliser car, comme le scande Jean-François Bouguennec : « Tant qu’on se bat, on est vivant ! »
Pratique
Samedi 4 juin, 11 h 30, à la chapelle du Krann, route de Roudaouallec, pique-nique citoyen. Débats, conférence, retransmissions d’interviews radio de RMN qui sera sur place, projections, expositions, balades, animations et jeux. Entrée libre.