Fondateur du réseau protestant Portes ouvertes, Ann van der Bijl, plus connu sous le nom de frère André, est décédé à l’âge de 94 ans, mardi 27 septembre, après avoir consacré sa vie à l’aide aux chrétiens persécutés. « Nous sommes en deuil aujourd’hui, mais nous célébrons la vie de frère André dédiée à servir l’Église persécutée », a réagi, dans un communiqué, le directeur de la branche française de l’ONG, Patrick Victor.

Né le 11 mai 1928 à Sint Pancras, aux Pays-Bas, ce missionnaire baptiste avait fondé l’association « Portes ouvertes » en 1955, alors qu’il se rendait à un rassemblement de jeunesse communiste à Varsovie, en Pologne. Selon le récit qu’il a fait des origines de son organisation et qui est mis en avant depuis lors, il y découvre l’isolement des chrétiens derrière le rideau de fer et décide de les aider en leur apportant des bibles clandestinement.

« Contrebandier de la Bible »

Pendant plusieurs années, il sillonne l’Union soviétique, distribuant des bibles aux chrétiens, ce qui lui vaudra le surnom de « contrebandier de la Bible ». Puis il poursuit son œuvre en Chine, à Cuba, ou encore en Tchécoslovaquie. Depuis la chute de l’URSS, le frère André avait concentré ses efforts sur les pays du Moyen-Orient. Son investissement avait été récompensé du Religious Liberty Award (prix de la liberté religieuse) de l’Alliance évangélique mondiale, en 1997.

En 2018, cet auteur de plusieurs ouvrages, dont une autobiographie baptisée Le Contrebandier, avait fait son dernier voyage au Pakistan. Frère André a été marié pendant 59 ans à Corry van der Bijl, décédée le 23 janvier 2018. « Frère André disait “Osez prendre des risques pour Dieu”, rappelle Patrick Victor. C’est une exhortation à prier pour et à soutenir les 360 millions de chrétiens qui sont fortement persécutés et discriminés pour leur foi en Jésus dans le monde aujourd’hui. »

Index mondial de persécution des chrétiens

Désormais réseau international de 22 associations au service des Églises persécutées dans le monde, l’ONG Portes ouvertes est implantée dans 70 pays. Elle comporte une branche française, Portes Ouvertes France, créée en 1976 à Strasbourg sous la forme d’une association de droit local. Membre de la Fédération protestante de France et du Conseil national des évangéliques de France, elle a pour spécificité de mettre en avant la qualité de son « réseau de terrain », et donc des informations qu’elle collecte.

À la différence d’autres organismes, elle ne recense pas la totalité des atteintes à la liberté religieuse mais seulement celles visant les chrétiens, et plus particulièrement les protestants. Enfin, la définition qu’elle retient des persécutions est large, puisqu’il s’agit de « toute forme d’hostilité envers les chrétiens, qu’il s’agisse de paroles ou d’actes, allant de la discrimination à l’emprisonnement en passant par les attaques et les violences », précisait à La Croix le directeur de Portes ouvertes.

Depuis 1993, Portes Ouvertes publie chaque année l’« Index mondial de persécution des chrétiens », un classement des 50 pays où les chrétiens rencontreraient les plus grandes difficultés en raison de leur religion. Selon l’index de 2022, l’Afghanistan, la Corée du Nord et la Somalie figurent en tête des pays où les chrétiens sont les moins bien protégés.