Reportage

GPA : l’Ukraine, « meilleur rapport qualité-prix » sur le marché

[Reportage] La guerre avec la Russie a déstabilisé cet important marché de la gestation pour autrui et mis en lumière l’absence de régulation globale protégeant les mères porteuses.
Morgane Bona
Publié le 06/07/2022 à 06h51, mis à jour le 06/07/2022 à 06h51 • Lecture 8 min.
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Cérémonie de remise des enfants, à Kiev, à l’hôtel Venice, appartenant à la clinique Biotexcom, le 10 juin 2020. Le Covid-19 avait empêché les parents de venir chercher leurs enfants nés d’une GPA.

Cérémonie de remise des enfants, à Kiev, à l’hôtel Venice, appartenant à la clinique Biotexcom, le 10 juin 2020. Le Covid-19 avait empêché les parents de venir chercher leurs enfants nés d’une GPA. • GLEB GARANICH/REUTERS

« J’ai eu très peur que quelque chose arrive à l’enfant. J’ai hâte d’accoucher pour donner le bébé à ses parents, ainsi n’aurai-je plus à me soucier que de mes deux fils. Ça sera un soulagement quand cet enfant quittera l’Ukraine, s’inquiète Sasha Hrybchatova, une main délicatement posée sur son ventre rond. Ceux qui n’ont jamais vu la guerre ne peuvent pas comprendre. »

Du coin de l’œil, la mère porteuse de 29 ans surveille son cadet. Le garçonnet turbulent s’agite, va et vient près de la rivière Ouj, dans l’ouest de l’Ukraine. « Mikhail, remonte tout de suite », s’époumone-t-elle, avant de confier : « Il ne sait pas nager. » Son regard trahit l’épuisement de cette femme au foyer, originaire de Kramatorsk, ville située dans l’oblast de Donetsk. Le 7 mars 2022, avec son époux et leurs deux garçons, elle a quitté le Donbass : un voyage sans retour.

« Les Russes ont pris une ville à environ 30 km de chez nous. Notre ville sera la prochaine. Certaines personnes nous ont conseillé de ne pas revenir, car nous avons une position trop ukrainienne. C’est une menace », explique la jeune femme. Avant la guerre, la famille avait l'ambition d’acheter un appartement.

Il leur manquait 15 000 dollars pour finaliser cet achat, soit la somme exacte que cette mère porteuse touchera après son accouchement. Une coïncidence à en croire Sasha, qui atteste que ce n’est pas cette rémunération qui a motivé sa participation à son premier programme de GPA, mais le bonheur qu’elle apportera à un couple privé d’enfant.

Sasha, et son fils de trois ans, à Oujgorod, en Ukraine

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