Chaque matin, au réveil, Wenyu, prie. Elle répète ce rituel avant de se coucher. « Je prie pour moi, pour ma famille ou mes amis. J’ai aussi beaucoup prié au moment de la déclaration de la guerre en Ukraine », confesse cette professeure de violon protestante.
Prier est souvent vécu comme un moment intime, qui se pratique seul et se déroule souvent dans l’espace domestique, la chambre par exemple. « Le matin, je me lave le visage, puis je commence ma prière. Je pense que c’est plus sain que de se jeter sur mon téléphone et d’être dans une sorte de frénésie moderne. Prier me permet de revenir lentement dans le monde conscient et à ses injonctions », confie Sarah, musulmane qui vit à Courbevoie.
La prière peut cependant aussi être récitée, mentalement ou à voix basse, dans des lieux publics. « Je prie chez moi la plupart du temps, mais il m’arrive aussi de le faire dans le métro », témoigne Xavier Accart, rédacteur en chef de la revue catholique Prier et auteur d’un livre sur « l’art » de prier (L’Art de la prière. 50 méthodes éprouvées pour faire l’expérience de Dieu, Ed. Emmanuel, 480 pages, 24 euros).
Certains s’appuient sur des textes sacrés, des chapelets ou des icônes. D’autres le font en toute spontanéité. « Il m’arrive de parler directement à Dieu. Parfois je l’engueule. Quand je prie, je m’exprime d’une façon beaucoup plus familière que dans la vraie vie », plaisante Evelyne Sablé, retraitée de confession catholique.
Prier, avec ou sans religion
Comment définir la prière ? Celle-ci est souvent associée à une religion. Dans la plupart des cultes, elle est même centrale. Jésus lui-même ne priait-il pas, selon le récit des Evangiles ? « Voici donc comment vous devez prier », expose-t-il avant de révéler le « Notre-Père » (Matthieu 6, 9-13). Le Talmud la définit également comme un commandement biblique, et la prière fait partie des cinq piliers de l’islam, devant être pratiquée cinq fois par jour par les musulmans.
Certains non-croyants y ont également recours. Art-thérapeute, Simon Lucas a développé sa propre approche de la prière non religieuse, dont il a tiré un livre (La Prière naturelle, Librinova, 2021). « Chaque matin, je prie entre une demi-heure et une heure. Il m’arrive aussi de le faire avant le coucher si ma journée n’a pas été trop difficile. C’est un moment sacré pour moi, énormément de choses de ma vie s’y jouent », explique le jeune homme.
Si les chiffres en la matière sont rares, Simon Lucas ne semble pas être un cas isolé. En 2007, un sondage TNS-Sofres indiquait qu’environ un Français sur deux « prie ou médite ». Toujours selon ce sondage, 18 % de ceux qui prient n’adressent leur prière « à personne en particulier », ni dieu(x), ni saint(s), ni figure précise (+ 3 points par rapport à 2001), une proportion qui doublait (36 %) chez les 18-24 ans.
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